MICHEL SCHAEFFER

 MICHEL SCHAEFFER (8 décembre 1845- 22 mars 1918)

 

Par Guy PEIROTES, arrière-petit-fils de Michel Schaeffer, version du 15 décembre 2010 mise à jour le 12 décembre 2016

Cet ancêtre – mon arrière -grand-père - a vécu dans une période historique particulièrement intéressante. Né Français en 1845 à Reichstett en Alsace, il s’engagera dans l’armée française en 1866, combattra les Prussiens pendant la guerre de 1870, sera fait prisonnier lors de la capitulation de Bazaine à Metz, sera envoyé en Allemagne comme prisonnier de guerre, sera libéré en 1871 et retournera en Alsace, devenue depuis allemande. Il mourra en 1918 avant l’armistice, dans une Alsace allemande. S’il avait pu vivre quelques mois de plus, il serait mort à nouveau Français !

Après s’être battu contre les Prussiens, il aura la douleur de voir son fils ainé Théodore être enrôlé dans la Garde du Kayser Guillaume II et son deuxième fils Alfons épouser « une Prussienne » comme cela se disait dans la famille ! Toutefois l’histoire ne se termine pas là car Théodore sabota les chevaux de la cavalerie de la Garde du Kayser avant de fuir l’Allemagne pour s’établir à Paris et Alfons créa une famille en Allemagne permettant ainsi à l’arbre généalogique des Schaeffer d’avoir une branche allemande et de sympathiques petits-cousins allemands !

J’ai fait une véritable enquête pour retrouver les faits marquants de la vie de cet arrière-grand-père sachant que la seule information que j’avais pu obtenir de vive voix venait de ma mère qui disait combien son grand-père Michel, profondément français, avait très durement ressenti la défaite de 1870 et l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1871 et, comble des combles, vit son fils revenir d’Allemagne pour présenter sa future femme, allemande, à la famille à Reichstett et explosa devant elle en disant « Je suis français des cheveux aux orteils et toi tu viens me dire que tu veux te marier avec une boche ! ».

J’ai voulu en savoir plus et j’ai pu remonter le temps grâce à un certain nombre d’informations que j’ai utilisées pour reconstituer le canevas de sa vie. Tous les faits cités sont réels et proviennent des sources suivantes dont je tiens à remercier ceux qui me les ont fournies :

> Le livret militaire de Michel Schaeffer du 2ème Régiment de Dragons de 1866 à 1870 et un certificat de renvoi en 1871de Brunswick dans ses foyers du prisonnier Michel Schaeffer, les deux pièces communiquées par Alfons Hamacher, mon cousin de la branche allemande.

> Archives numérisées du Bas-Rhin pour la recherche des actes civils de la famille

> Archives militaires du Service Historique de la Défense à Vincennes

> «La guerre de 1870 » de François Roth

> « Historique du 2ème Régiment de Dragons » par le Commandant Paul Bruyère

> Recherches diverses sur internet grâce à Google.

 

 

N’a-t-il pas fière allure notre arrière-grand-père dans son costume de Dragon du Second Empire! 

Photo prise à Metz sans doute durant le siège de la ville par les Prussiens entre août et octobre 1870.

 

Michel Schaeffer est né le 8 décembre 1845 à Reichstett dans une famille de cultivateurs aisés. Il était le deuxième fils d’une famille de cinq enfants créée par André Schaeffer et Madeleine Laas.

Il va à l’école du village où il apprend à lire et à écrire et commence sa vie comme cultivateur avec ses parents.

A 20 ans, donc en décembre 1865, en application de la loi du 8 Nivôse An 11 il doit participer au tirage au sort pour éventuellement être pris comme soldat. Il tombe sur un bon numéro et n’est pas pris. Toutefois le 25 juin 1866 il est incorporé dans l’armée de Napoléon III en tant que « Remplaçant par voie administrative » pour 7 ans.

Que s’est-il passé ? Sa famille était sans doute suffisamment aisée, à en juger d’après les photos en annexe, pour ne pas l’inciter à s’engager en vue de toucher la prime allouée de 2100 francs. A mon avis cet engagement résulte sans doute d’un chagrin d’amour, comme on le verra dans les conditions ultérieures de son mariage.

Quoiqu’il en soit, il touchera à Strasbourg le 28 juin 1866 sur sa prime  un acompte de 1000 francs, le solde de 1100  francs lui étant dû à l’issue de ses 7 ans. Il  rejoindra son corps – le 2ème Régiment de Dragons- à Senlis le 1 juillet. 

Pour mémoire le surlendemain, le 3 juillet, c’est la victoire des Prussiens sur les Autrichiens à Sadowa, ce qui laisse déjà entrevoir la suite !

Nous avons la chance de disposer dans la famille de son livret d’homme de troupe et y avons trouvé des informations intéressantes sur le déroulement de sa vie militaire de 1866 à 1870 que nous résumons ci-dessous. Pour ceux qui voudraient approfondir nous joignons en annexe une reproduction intégrale du livret.

Engagé sous le matricule 1021 comme Dragon de 2ème classe, il est affecté au 3ème Escadron en 1866 puis au 4ème de 1866 à début 1870 et au 5ème mi- 1870, avant le démarrage de la guerre avec l’Allemagne.

 

Son signalement était le suivant :

Taille : 1,71 m

Visage allongé

Front saillant

Yeux gris

Nez aquilin

Bouche petite

Menton pointu

Cheveux blonds

Sourcils blonds

Pas de marques particulières

Titre sous lequel a lieu son incorporation : « Remplaçant par voie administrative en vertu de la loi du 26 avril 1855 admis par la Commission Spéciale de Remplacement du Département du Bas-Rhin acte du 25 juin 1866 pour 7 ans » (voir en annexe les lois régissant les remplacements).

Il arrive au Corps le 1 juillet 1866.

A été instruit militairement à l’école du cavalier à pied et à cheval à plusieurs reprises entre 1866 et 1867.

Il recevra à son arrivée un habit complet de soldat (renouvelé en 1869), une veste d’écurie (renouvelée en 1868 et encore en 1869), un pantalon d’ordonnance (renouvelé en 1867, 1869 et 1870), un pantalon de cheval (renouvelé en 1867, 1869 et 1870), un bonnet de police et une calotte en drap (renouvelés en 1869).

Il recevra également un casque de Dragon avec sa crinière et son turban en peau, un manteau gris, un porte-manteau, une giberne et un porte-giberne, un ceinturon, une dragonne, un couvre-platine, une bretelle de fusil….et, bien-sûr les armes telles que décrites un peu plus loin.

Enfin, pour faire un inventaire à la Prévert et être exhaustif, il recevra : 2 pantalons de treillis, 2 caleçons, 3 chemises, 2 cols, 2 mouchoirs de poche, 1 pompon, un plumet avec étui, 2 paires de gants, 1 paire de bretelles de pantalon, 1 bretelle de sabre, 2 paires de bottes, 1 paire d’épaulettes, 2 calottes de coton, 1 cache-éperons, 1 besace, 1 courroie, 1 paire de sabots, 2 paires et 4 boutons de sous-pieds ; sans oublier un lot de brosses diverses et accessoires d’entretien de vêtements et d’armes ni une trousse complète de fils (blanc, noir et garance), ciseau, aiguilles, dé à coudre et peigne à décrasser !

Quant à l’équipement du cheval, il faut citer : 2 musettes, 1 étrille, 1 brosse et un peigne à cheval, une éponge, 1 époussette (sic !), 1 paire de ciseaux, 1 corde à fourrage et 1 sac à avoine.

La photo de Michel Schaeffer page précédente donne une bonne idée de l’uniforme de Dragon à pied : sous le grand manteau on distingue la tunique, les bottes et la dragonne du sabre. Toutefois, un Dragon se battait essentiellement à cheval et à défaut de voir Michel sur son cheval en tenue de campagne du Second Empire, il faut regarder les deux tableaux ci-joint de J.A. Walker qui sont aux cimaises du Musée des Invalides et qui illustrent l’uniforme que lui-même portait.

 

 

 

A partir d’août 1868 les Dragons portaient une tunique « bleue de roi » avec collet blanc et parements bleu de roi à pattes blanches ; le pantalon, de couleur garance, était enfoncé dans une paire de grosses bottes souples en cuir noir. Le casque, appelé à la demi-minerve, était tout en cuivre jaune avec bande en peau de vache marine simulant la peau de panthère, crinière noire et plumet écarlate. La crinière à l’arrière, outre sa fonction décorative, permettait surtout de se protéger la nuque des coups de sabre de taille reçus par derrière. Les épaulettes étaient écarlates et les buffleteries, blanches jusqu’en 1868, deviennent noires ensuite. La tenue était recouverte d’un manteau blanc gris qui servait à tout (se protéger, protéger le cheval, dormir, etc.…). Quand il n’était pas porté, le manteau était roulé sur l’avant de la selle. L’équipage du cheval était bleu de roi avec galon et grenades écarlates. Les trompettes avaient l’épaulette blanche et la crinière rouge.

Les Dragons devaient porter tout leur paquetage –qui représentait tout leur bien- sur le dos du cheval. En premier lieu on y trouvait le porte-manteau fixé à l’arrière de la selle : il contenait les vêtements du cavalier (habituellement 2 chemises, le linge de corps, des mouchoirs, la grande tenue, la cravate) ; il fallait y ajouter casserole, gourde, giberne, couverture, nourriture pour le cheval et son cavalier, etc.

En ce qui concerne l’armement, les Dragons que l’on voit sur ces deux tableaux sont équipés de la carabine de cavalerie Chassepot modèle 1866 avec garnitures en laiton. Cette carabine n’a été attribuée qu’à partir de 1870 et encore, pas à tous les corps.

D’après son livret militaire ce modèle de carabine  a été attribué à Michel en 1870, remplaçant à la fois le fusil  et le pistolet à cheminée beaucoup moins efficaces qui lui étaient attribués   ( le fusil à cheminée était le modèle 1842 T ou le 1853 T ou le 1857 de Dragon ;  le pistolet était le 1822 Tbis). Enfin un sabre modèle 1854 de cavalerie lourde, lui était attribué.

Les photos ci-dessous des modèles d’armes successives de Michel permettent de voir avec quelle rapidité l’armement portatif a évolué en quelques années de 1860 à 1870 en passant de modèles conçus dans les années 1770 et à peine améliorés vers 1860 à un armement en 1870 déjà moderne et qui sera finalement à peine modifié jusqu’en 1914.

 

Le fusil de Dragon  modèle 1842 T (ou 1853 T ou  1857) attribué en 1866 à Michel portait le numéro 44 ; en 1867 un autre fusil lui est attribué, le numéro 373. Il s’agissait de fusils rayés à mise à feu à capsule par une cheminée et  à chargement par la gueule à un seul coup,  d’une longueur de 1.32 m pesant 4 kg et de calibre de 17.8 mm.  Les garnitures étaient en laiton.

 

Fusil de dragon mle 1842 t 1Ci-dessus un 1842 T (les autres modèles sont identiques pour l’aspect extérieur)

 

Le pistolet attribué à Michel de 1866 à 1870 portait le numéro 610 ; c’était un 1822 Tbis, c'est-à-dire un pistolet à un seul coup, d’origine à silex , transformé à capsule et cheminée entre  1840 et 1845 et ensuite rayé vers 1860 ! Sa longueur était de 35 cm avec un poids de 1.2 kg et un calibre de17.7 mm.

005 2006 2                                      Ci-dessus  un 1822 Tbis, dit « construit neuf ».

En 1870 Michel restitue ces  deux armes et en remplacement a la chance de se voir doté de la fameuse carabine de cavalerie modèle 1866 Chassepot. C’est un vrai basculement dans l’ère moderne : en effet les Chassepot sont construits en acier fondu et non plus en fer soudé, ils sont fabriqués dans une usine travaillant sur des séries et non plus dans des ateliers épars, ils ont un petit calibre pour du tir tendu et se chargent par la culasse permettant un tir rapide !

Cette carabine n’a en fait vu le jour qu’en 1870. Sa longueur était de 1.18 m, son poids de 3.5 kg et son calibre de 11 mm ; son canon était bien sûr rayé permettant des tirs précis à grande distance.

La carabine de Michel portait le numéro 16424.   

P1020763 2P1020764 2P1020766 2Ci-dessus la carabine 1866 en trois photos.

 

Le sabre de Michel, modèle 1854  (voir les 2 photos ci-dessous) ayant une lame droite de 97.5 cm  portait le numéro 684 : sa garde comportait 4 branches.

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Sabre 1854

Enfin Michel portait le fameux casque de Dragon à crinière noire, marmouset noir et plumet rouge que l’on retrouve encore aujourd’hui  presque à l’identique sur la tête des cavaliers de la Garde Républicaine. Son modèle était le 1858, cf. ci-dessous le modèle auquel il manque le plumet rouge.

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La grande tenue des Dragons était particulièrement seyante : voir la photo ci-dessous du Musée de l’Armée.

N.B. Par rapport à la photo, pour le 2ème Dragon de Michel, le plastron n’était pas jaune mais blanc. Le fusil est encore un fusil à cheminée, donc tenue antérieure à 1870.

 

Le drapeau du régiment était en soie de 60 cm sur 60, les trois couleurs parallèles à la hampe, le rouge flottant ; sur une face « L’Empereur au 2ème Régiment de Dragons » et sur l’autre l’initiale « N » entourée de lauriers et les noms des principales batailles auxquelles le régiment avait pris part. Aux quatre angles et alternant entre eux, le numéro du régiment et la couronne en haut et l’aigle en bas. La hampe était peinte en bleu surmontée de l’aigle impérial doré : cravate tricolore frangée d’or ainsi que l’étendard.

Pour un Dragon le cheval était plus qu’une monture, c’était le compagnon de combat et le plus fidèle ami sur les jambes duquel on mettait sa vie en jeu. Les chevaux ont payé un lourd tribut à la folie des hommes en guerre : on estime que pendant les guerres du 1er Empire il y eut en moyenne 4 chevaux morts pour un cavalier tué.

La taille de la monture était fixée d’après les règlements en fonction du type de cavalier : pour les cuirassiers 1,60 m ; pour les dragons 1,57 m ; pour les hussards et chasseurs à cheval 1,50m. Tous ces chevaux étaient des hongres. Le dressage du cheval pour en faire un cheval de cavalerie était fondamental : il fallait lui apprendre les diverses allures du trot et du galop, le saut, l’esquive etc. Chaque séance était récompensée par une bonne ration d’avoine. Il fallait l’habituer au vacarme des coups de feu, des canons, tambours et trompette sans le faire sursauter. Pour cela on le conditionnait en tirant des coups de pistolet tout en lui donnant son avoine (Le cheval de Pavlov ?).

La moindre des choses est de citer le compagnon de Michel, en hommage à la tradition équestre de la famille Schaeffer et à son amour des chevaux. Son cheval s’appelait Cid ; il mesurait 1,56 m au garrot, était de couleur baie marron, avait 10 ans d’âge et était arrivé au corps le 12 février 1866 provenant du service de la remonte de Caen.

Le 2ème régiment de Dragons est le plus ancien régiment de la cavalerie française: on peut en effet établir de manière certaine et continue sa filiation directe en tant que régiment aussi loin que 1635 et en tant que corps de cavalerie 1556. Le régiment s’appelait CONDÉ-CAVALERIE, Par ordonnance du 25 mai 1776, CONDÉ-CAVALERIE fut renommé CONDÉ-DRAGONS et selon le règlement du 1er janvier 1791, distinguant les régiments par un numéro, il devint le 2éme Régiment de Dragons.

Ce régiment a de très glorieux faits d’arme à son actif. En particulier pendant la révolution, le Consulat et l’Empire, il s'illustra notamment aux combats de VALMY, ULM, AUSTERLITZ, HOHENLINDEN, IENA, FRIEDLAND, EYLAU, WAGRAM.

En ce qui concerne la période militaire de Michel (1866-1870), ce régiment a participé à la guerre de 1870 entre la Prusse et la France où il s’est illustré dans l’armée du Rhin commandée par Bazaine aux sanglantes batailles de Borny-Noisseville le 14 août, de Rezonville-Mars-la-Tour le 16 août et Saint Privat/Gravelotte le 18 août. L’armée de Bazaine se retire alors sur Metz où elle est assiégée sans réussir à se dégager. Le 27 octobre la place de Metz capitule et le 28 octobre tous ses soldats déposent leurs armes et leurs drapeaux. Bazaine doit livrer aux Prussiens les 137000 hommes de l’Armée du Rhin, sans compter la garnison, les blessés et la garde mobile soit environ 170000 hommes dont Michel Schaeffer. Les soldats sont conduits aux cantonnements prussiens puis gagnent à pied Ars, Remilly et Pont à Mousson où ils attendent les trains devant les embarquer pour leur captivité en Allemagne. Les soldats sont répartis entre un certain nombre de villes prussiennes où ils restent prisonniers jusqu’à la signature des préliminaires de paix le 26 février 1871.

 

Pour permettre de mieux comprendre « la guerre de Michel Schaeffer » nous rappelons rapidement la chronologie de cette guerre qui semble aujourd’hui si lointaine, totalement recouverte par la guerre de 14/18 et celle de 39/45. Par ailleurs pour se resituer dans ces temps héroïques, il faut relire La Débâcle de Zola.

Juillet 1870

13 juillet Dépêche d’Ems

19 juillet Déclaration de guerre de la France à la Prusse

28 juillet Napoléon III quitte Paris et prend le commandement de l’armée du Rhin à Metz

31 juillet Guillaume Ier, Bismarck et Moltke quittent Berlin et donnent l’ordre de marche à l’armée allemande.

Août 1870

4 août Attaque de Wissembourg par les allemands

6 août Bataille de Spicheren en Lorraine et de Woerth/ Frœschwiller /Reichshoffen en Alsace

12 août Nancy est occupé. Bazaine reçoit le commandement de l’armée du Rhin

14 août Bataille de Borny

16 août Bataille de Rezonville/Mars-la –Tour. Napoléon part pour Châlons-sur-Marne

18 août Bataille de Saint-Privat

20 août Début du siège et blocus de Metz. La 3ème armée allemande marche vers Paris

31 août Bataille de Noisseville

Septembre 1870

1er septembre Bataille de Sedan

2 septembre Défaite et capitulation de Sedan. Napoléon prisonnier.

4 septembre Déchéance de l’Empire et proclamation de la République

19 septembre Début du siège de Paris

23 septembre Capitulation de Toul

28 septembre Capitulation de Strasbourg

Octobre 1870

5 octobre Quartier général de Guillaume 1er établi à Versailles

27 octobre Capitulation de Metz

Novembre 1870

1er novembre Premiers entretiens Thiers-Bismarck

2 novembre Levée en masse en France. Début du Siège de Belfort

24 novembre Capitulation de Thionville

Décembre 1870

14 décembre Capitulation de Phalsbourg et Montmédy

Janvier 1871

18 janvier Proclamation de l’Empire allemand dans la Galerie des Glaces à Versailles

25 janvier Capitulation de Longwy

26 janvier Signature d’un armistice de 21 jours (sauf pour l’Est) et Cessez-le- feu

Février 1871

13 février Cessez-le-feu dans l’Est

16 février Reddition de Belfort

26 février Préliminaires de paix signés

Mars 1871

1er mars Défilé des troupes allemandes sur les Champs Elysées

Mai 1871

10 mai Signature du Traité de Francfort

Juin 1871

9 juin Incorporation de l’Alsace et de la Lorraine dans l’Empire Allemand.

 

 

On trouve dans le livre « Le Deuxième Régiment de Dragons » du Commandant Paul Bruyère le journal des opérations de ce régiment jusqu’ en 1885. Nous en extrayons ci-dessous celles de la période 1866-1870 pendant laquelle Michel faisait partie du régiment :

« En 1866 le régiment est en garnison à Versailles et Senlis. (N.B. C’est dans cette dernière ville que Michel Schaeffer est incorporé.)

En mai 1867, le régiment part pour Cambrai, avec dépôt à Arras.

En juillet 1868, le régiment part pour le camp de Châlons pour revenir en septembre

De septembre 1868 à 1870 le régiment est en garnison à Cambrai et Arras.

Le 21 juillet 1870, les 2ème, 3ème, 4ème et 5ème Escadrons qui comprenaient 38 officiers, 495 hommes de troupe, 79 chevaux d’officiers, 443 chevaux de troupe, et 21 voitures, partent de Cambrai en trois trains de chemin de fer pour Metz, où ils arrivent le 22 juillet et où ils campent sur les glacis de la citadelle au bord de la Moselle.

Le corps d’officier du régiment, état- major et escadrons de guerre était composé ainsi :

Colonel : Mercier du Paty de Clam

Lieutenant –Colonel : de Bruchard

Chef d’escadron : Naulot, de Lignières (rejoint le 28 juillet)

Sous-lieutenant payeur : Papillon

Sous-lieutenant porte étendard : Patrice

Capitaines adjudants-majors : Poinsignon, Galichet

Médecin-major : Laboire ; vétérinaires : Bérépion et Perret

Le commandement des escadrons était le suivant :

 Capitaine       Capitaine     Lieutenant   Lieutenant       Sous-Lieutenants

Commandant   en second    en premier   en second

                                  2ème Escadron

Goujon            Flosse          Girard            Moreau            Parenty, Palazo, Douzon

                                  3ème Escadron

Blanchard         Buisson         Cuny              Conte                Joly, Desruelles, Pérot

                                   4ème Escadron

Desmazures      Rohard        De Boucheron     Ménant         Michaudel, Pisani, Merle

                                    5ème Escadron*

Dubois             De Dalmas        Cabrié           Chigot            Ribaud, Bousquet, Noblat

*Rappelons que Michel en 1870 est affecté à ce 5ème Escadron

Le régiment fait partie de la division de cavalerie du 3ème corps aux ordres du maréchal Bazaine. La division commandée par le général de Clérambault se compose de 3 brigades :

1ère brigade, général de Bruchard, 2ème, 3ème et 10ème Chasseurs

2ème Brigade, général de Maubranche, 2ème et 4ème Dragons

3ème Brigade, général de Jugnac, 5ème et 8ème Dragons.

Le régiment, pendant les derniers jours de juillet et les premiers jours d’août, fait mouvement entre Metz, Boulay, Saint-Avold, envoyant de temps à autre des patrouilles et des reconnaissances vers l’Est dans la direction de l’ennemi.

Le 8 août, coups de feu aux avant-postes. Le régiment se porte en avant de Saint-Avold et se déploie en échelons pour protéger la retraite des bagages et convois de l’armée de Mac Mahon défaite à Spicheren et Wissembourg et venant de Forbach. Ceux-ci étant passés, il prend la queue de la colonne se dirigeant sur Metz.

Le maréchal- des –logis Bru et les Dragons Poupin et Louvin du 4ème escadron avaient été chargés de surveiller un bois avec ordre de rester là jusqu’à la sonnerie de ralliement ou jusqu’à ce qu’ils fussent relevés. Vers huit heures, ils furent entourés par un peloton de cavalerie ennemie. Bru déchargea son pistolet, les cavaliers firent feu à plusieurs reprises ; mais voyant la résistance inutile, ils poussèrent leurs chevaux au galop vers la route. Le cheval de Bru se renverse dans un fossé et son cavalier se démet l’épaule. Il est pris avec les deux Dragons dont l’un, Louvin, est légèrement blessé d’un coup de lance. Les éclaireurs ennemis avouèrent que la présence de ces trois cavaliers, qui leur faisant craindre une embuscade, les avait tenus en échec pendant plusieurs heures.

Le 12 août, le maréchal Bazaine prend le commandement en chef de l’Armée du Rhin. Il est remplacé à la tête du 3ème corps par le général de division Decaen.

Le 13 août, la division forme deux escadrons d’éclaireurs, tirés l’un de la brigade légère, l’autre des quatre régiments de Dragons. Le 2ème Dragons fournit en officiers le chef d’escadron de Lignières, le capitaine Flosse et le sous-lieutenant Pisani.

Le même jour, dans la matinée, le régiment est envoyé en reconnaissance vers Pange, dans un pays boisé. Le commandant de Lignières, le lieutenant Girard et quelques Dragons pénètrent dans le village qu’ils trouvent occupé par de l’infanterie prussienne et deux canons. Le régiment rappelle ses tirailleurs reçus à coups de fusils par les Prussiens et bat en retraite. Le trompette Lévy, qui sonnait le ralliement à coté du colonel a le bras cassé par une balle.

Le 14 août Bataille de Borny. Les 3èmeset 4ème escadrons et l’escadron d’éclaireurs font des reconnaissances jusque vers une heure de l’après-midi. Le peloton du lieutenant Cuny (3ème escadron), déployé en tirailleurs, chasse devant lui quelques éclaireurs de cavalerie prussienne et charge en fourrageurs un groupe d’infanterie qui se débande en abandonnant l’officier qui le commandait. A 3 heures, le régiment qui était pied à terre attendant les ordres, monte à cheval pour suivre le mouvement général. Le maréchal-des-logis Voisin, le brigadier Trigon et les Dragons Samson, Friedérich, Hoffmann, Pigoreau, Eusèbe sont blessés.

Le 16 août Bataille de Mars-la-Tour/Rezonville. La division du général de Clérambault arrive sur le théâtre de la lutte de la division Legrand et de la brigade des Dragons et Lanciers de la Garde contre la cavalerie allemande. A son arrivée, cette cavalerie se retire. Le lieutenant Ménant et le sous-lieutenant Joly sont blessés.

Le 18 août Bataille de Gravelotte/ Saint Privat. Le régiment reste en position toute la journée sans prendre une part active à la bataille.

Le 19 août fourrage sur la route de Thionville. Le Dragon Denet est enlevé par l’ennemi.

Le 22 août combat en avant de Malroy. Le régiment y assiste mais n’est pas engagé.

Le 26 août combat en avant de Belle-Croix. Le régiment n’est pas non plus engagé dans cette affaire.

Le 29 août grand fourrage à Magny. Un peloton à pied est déployé en tirailleurs, son feu force l’ennemi à se retirer. Le Dragon Kabès est blessé.

Le 31 août combat vers Colombey. Le régiment suit la division d’infanterie Montaudon et appuie le 4ème Dragons qui enlève Coincy après avoir mis pied à terre. Les lieutenants Girard, de Boucheron, le docteur Ladoire, le trompette Ripart et les dragons Lebée et Wagner sont blessés.

Le 1er septembre combat vers Noiseville, le dragon Pauchet est blessé.

Le 6 septembre. Les hommes à pied sont réunis en 2 escadrons sous les ordres du chef d’escadron Thomas. Ces escadrons à pied sont détachés au fort des Bordes.

Le 22 septembre, fourrage vers Borny.

Le 27 septembre, fourrage à la ferme de Colombey. Le régiment ne peut plus mettre à cheval que 4 pelotons.

Le 7 octobre, reconnaissance de ce qui este du 3ème escadron, détaché à la 4ème division d’infanterie sur la route de Rezonville. Pendant les derniers jours les dragons Archeny, Micouloud, Beck, sont blessés aux avant-postes

Le 28 octobre, à l’appel de 2 heures, le régiment est informé de la capitulation.

Le 29 le régiment est prisonnier de guerre, et le mardi 1er novembre ce qui restait du régiment partait en captivité. »

 

 

 

La majorité des prisonniers seront rentrés dans leur foyer avant la signature finale du traité de Francfort le 10 mai 1871. Michel Schaeffer est prisonnier à Brunswick (Braunschweig). On trouve dans les archives familiales une attestation du 12 mars 1871 signée de la Kommandantur de la 40ème Brigade d’Infanterie prussienne précisant son départ de captivité et son retour vers Reichstett.

 

 

Cette attestation peut être traduite ainsi en Français :

« Michel Schaeffer du deuxième Régiment de Dragons, qui a été interné jusqu’au 12 mars à Brunswick comme prisonnier de guerre, a obtenu suite à sa demande l’autorisation de rentrer chez lui à Reichstett.

Le ci-nommé devra se présenter à son arrivée aux autorités locales.

Il est demandé à toutes les autorités civiles et militaires d’assister le ci-nommé pendant son voyage.

Fait à Brunswick le 12 mars 1871

La Kommandantur »

Attestation suivie du sceau « K.PR.COMMANDO D.STELLV 40ème Brigade d’Infanterie »

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De retour à Reichstett, il se lance dans la fabrication des tuiles. Cette activité facile à réaliser du fait de l’existence de gisements de terre glaiseuse dans les environs et d’un faible niveau de technique et d’équipement lui donne le titre de tuilier.

C’est cette profession qui est indiquée dans son acte de mariage quand il épouse, quelques mois après son retour, Victorine Baumann le 6 août 1871 à Reichstett. Notre arrière grand-mère avait épousé le 5 février 1866 en première noce Jacques RUXER qui mourut le 9 octobre 1870 à l’âge de 31 ans. Un fils, prénommé Hippolyte, était né de cette union le 29 mai 1866, soit 3,5 mois après le mariage ! En étudiant cette chronologie, il devient pratiquement évident que Michel et Victorine avaient déjà « une affaire » sérieuse avant 1871 car ils se marient seulement 5 mois après le retour de captivité de Michel et 10 mois après le décès de Jacques Ruxer. D’autre part Michel décida de s’engager dans l’armée comme « remplaçant » en juin1866, soit 4,5 mois après le mariage de Victorine avec Jacques et 1 mois après la naissance d’Hippolyte ! Michel s’est-il engagé suite à un scandale en liaison avec la naissance d’Hyppolite ou par désespoir de n’avoir pas été choisi par la famille Baumann Il semble en tous cas que notre arrière-grand-père, qui pour une raison que l’on ignore aujourd’hui n’avait pas pu épouser Victorine en 1866, ait pu réaliser son rêve en l’épousant en 1871 et c’est de cette union que nous descendons. On peut aussi se poser des questions sur la paternité de cet enfant Hippolyte, sachant qu’aucun autre enfant ne devait naître du couple Ruxer-Baumann. Il faut noter qu’en épousant Victorine, Michel « prenait » également son enfant Hippolyte, qui avait 5 ans à ce moment là. Du reste la coexistence entre l’enfant du premier lit et les enfants de Michel qui devaient naître ultérieurement fut nettement rompue au moment de l’héritage car seuls les enfants Schaeffer héritèrent, au grand dam  d’Hippolyte dont la famille attaqua en justice pendant très longtemps la famille Schaeffer.

Outre sans doute un amour passionnel, le mariage de Michel était une bonne affaire pour la famille. En effet le père de Victorine était « instituteur, aubergiste et épicier » et Victorine hérita de l’auberge, son père décédant en 1878 soit 7 ans après son mariage avec Michel.

De ce fait Michel devenait tuilier et aubergiste.

Le premier enfant du couple –Théodore- naissait le 7 avril 1872 soit 8 mois après le mariage. Théodore devait se révéler comme un être tout à fait exceptionnel. Doué d’une force herculéenne, il était la terreur des organisateurs de foires de village car il arrivait toujours à mettre au tapis les forts à bras et à gagner ainsi toutes les récompenses et prix de ces foires. On le voit sur la photo ci-dessous habillé d’une peau de léopard et exhibant des « biscoteaux » de la taille de mes cuisses ! Il arrivait me disait Maman, qui était sa nièce, à tordre une cuillère entre 2 doigts ! Mais, beaucoup plus exceptionnel, sa force était combinée à un cerveau de calculateur prodige. Il était capable de faire de tête et en quelques secondes les calculs les plus compliqués. Ce phénomène de synesthésie, extrêmement rare, semble correspondre à un facteur génétique. Y aurait-il d’autres cas dans la famille ?.... Mais, le cousin Jacques Diebold a connu Théodore et a évoqué sa vie en écrivant des souvenirs qui se trouvent plus loin dans cette saga familiale, alors, je m’arrête là.

                                                           

     Théodore, fils aîné de Michel, dans sa jeunesse                                                                                              

                                                                                                                                                

 

Le deuxième enfant du couple –Alfons- naissait le 11 juillet 1873. Il fit des études pour devenir professeur et épousa en 1903 à Viersen (Allemagne) une allemande, Elizabeth Schnütgen, et s’établit donc en Allemagne où il créa une famille, nous permettant d’avoir depuis des liens européens, maintenus aujourd’hui avec nos petits-cousins Hamacher. 

                                                  

           Alfons, le deuxème fils de Michel

Le troisième enfant –Célestine- naissait le 20 février 1875 et épousa un Diebold dont le petit fils –Jacques-complétera ce tableau généalogique.

 

 

 

François Xavier –mon grand père- était le quatrième enfant du couple.

 

               François-Xavier et son épouse Emilie Schutz

                                                

           Michel avec son cousin Fernand et sa sœur Lehnel

                                                          

             Michel en 1917 donc peu de temps avant sa mort

                                     

              Les parents de Michel, donc mon arrière-arrière-grand-père André et sa femme Madeleine vers 1860

  

  

                                                                                ANNEXES

Loi du 21 mars 1832

Le nombre de recrues du contingent est voté annuellement.

• 1ere étape : Le contingent par canton est constitué par tirage au sort.

o Les exceptions :

 de droit : problème de santé, situation de famille...

 conditionnelles : enseignants, ecclésiastiques...

o Les conditions :

L'échange par substitution et le remplacement est autorisé.

• 2e étape : Examen des recrues par un conseil de révision qui établit la liste du contingent du canton.

Les hommes non inscrits sur cette liste sont définitivement libérés.

• 3e étape : Le contingent désigné est divisé en deux classes.

La durée du service est de sept ans pour les deux classes mais seule la 1ere classe entre en activité.

La 2e classe est appelée en activité uniquement sur ordonnance royale. Elle est à la disposition du ministre de la guerre pour des revues ou des périodes d'exercices.

L'engagement volontaire est fixé à sept ans. Le rengagement entre deux et cinq ans.

La limite d'âge est de 50 ans ou trente ans de service.

La loi de 1832 a fourni l'armée pour les campagnes d'Algérie et de Crimée.

En 1851 le contingent est de 80000 hommes.

Il faut noter :

i ) que la réserve constituée par les deuxièmes classes des contingents n'a jamais été convoquée.

ii) que le remplacement donnait lieu à toutes sortes de fraudes organisées par des "marchands d'hommes" et certaines compagnies d'assurance censées préserver du "mauvais" numéro.

Loi du 26 avril 1855

Le remplacement est supprimé sauf entre beaux-frères ou parents. La substitution est conservée.

Un système d'exonération est mis en place; les hommes désignés par un "mauvais" numéro peuvent s'exonérer du service en versant une somme d'argent. Cette contrepartie financière alimente la "Caisse de dotation de l'armée" qui sert à financer les engagements volontaires, primes et retraites.

Règlement ministériel du 10 janvier 1861: Il est décidé de faire appel à la deuxième classe du contingent qui est astreinte à trois périodes d'exercices ; trois mois la 1e année, deux mois la 2e année, un mois la 3e année.

Il faut noter que les engagements volontaires ne parviennent pas à compenser les exonérés

 

 

 

 

 

                                                             LIVRET MILITAIRE DE MICHEL 

                                                  

 

 

 

     

  

      

   

 

     

 

  

 

 

 

  

   

 

                                                  

 

 

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