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LES PEYROTTES SOLDATS DE LA REVOLUTION

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LES PEYROTTES SOLDATS DE LA REVOLUTION 

Par Guy PEIROTES, version du 25 décembre 2012  refondue et MAJ le 23 février 2016

 

Barthélémy Peyrottes

Dans le Registre 16Y C 210 du SHD de Vincennes donnant la liste des Volontaires Nationaux engagés dans le Deuxième Bataillon des Landes on découvre, sous le numéro d’enregistrement 677 le sieur Barthélémy Peyrottes qui s’engage le 18 mars 1792, dès ses vingt ans,  comme fusilier. Il  devient caporal le 15 juillet 1793.

 Dans ce même registre on trouve son frère Jean (mesurant 5 pieds) engagé volontaire le 19 mars 1792 (et non 1793 comme écrit par erreur dans le registre) comme fusilier sous le numéro 678, qui devient caporal le 13 juillet 1793 et que nous retrouverons un peu plus loin.

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Extrait du registre 16YC 210

N.B. Le nom y est écrit avec un tréma sur le « y » prouvant qu’il se prononçait « Peillerottes » à la languedocienne.

Pourquoi se sont-ils engagés dans les Landes alors qu’un bureau d’engagement existait à Carcassonne ? Etaient-il  dans les Landes à la recherche de travail ? Nous n’avons rien trouvé dans nos recherches pour expliquer leur engagement dans cette région.

Ce Deuxième Bataillon des Landes créé à Mont-de-Marsan le 17 octobre 1791 était composé d’une compagnie de Grenadiers et 8 compagnies de fusiliers (1ere :de Saint-Sever, 2ème :d’Aire, Hagetmau et Geaune, 3ème :de Grenade, Villeneuve et Saint-Justin, 4ème:de Poyanne et Tartas, 5ème :de Nassiet, 6ème :de Pomarez, 7ème : d’Amou, 8ème : de Saint Sever. Tous les volontaires inscrits reçurent l’ordre de se rassembler à Mont-de-Marsan pour y être formés. C’était en fait une masse hétéroclite composée de beaucoup de domestiques de ferme sans travail, et de quelques mauvais sujets,  de plus sans vêtements, sans armes, sans instructeurs, et sans caserne.

Pierre-Romain Labeyrie, de Mugron, ancien gendarme, et Luc Tortigue, de Saint-Sever, commandant de la garde nationale, en avaient été élus lieutenants-colonels. Parmi les capitaines se trouvaient Valette,  d’Aire ; J.M. Laborde, de Doazit ; Jean Laborde, d’Aire ; J.M. Lacroix, de Grenade ; J.B Beuzin, de Nassiet (né en 1770) ; J.B. Monet, de Pomarez ; Monségur, d’Amou et  J. Laplacette, de Mugron.

C’est dans ce bataillon que s’enrôla, le 19 octobre 1791, Michel-Pascal Lafitte, de Dax (18 ans),  avant de servir dans les guerres de l’Empire et d’être promu au grade de général de brigade en 1813.

Le bataillon arriva à Dax le 18 novembre 1791. Une compagnie des grenadiers fut casernée dans le château. Le gros des hommes fut logé chez les habitants. «Les hommes ressemblaient à une horde de malfaiteurs et non à une force nationale » si bien qu’il y eut « des rixes dans les faubourgs, des volontaires furent assommés, des gens masqués tirèrent un coup de fusil sur une sentinelle »  (Dompnier de Sauviac)..

Pendant les six mois qui suivirent, les effectifs diminuèrent en raison de nombreuses absences et désertions, parfois encouragées par les habitants pour s’en débarrasser. Aussi, pour éviter une désagrégation, on éloigna ce bataillon de mauvaise réputation, caractérisé par son peu d’enthousiasme et son indiscipline,  en l’envoyant achever son instruction à Bordeaux.

C’est à Dax que le 18 et 19 mars 1792  Barthélémy et Jean s’engagèrent. Le bataillon  quitta définitivement Dax le 12 juin 1792. Envoyé à Lectoure en octobre, les hommes se mutinèrent en passant à Roquefort, nécessitant l’intervention de la gendarmerie. En janvier 1793, le bataillon se trouvait à Condom, et deux compagnies toujours à Lectoure. Il fut ensuite envoyé à l’Armée des Pyrénées occidentales, pour prendre part aux opérations contre les espagnols.

Toutefois Barthélémy et Jean furent  transférés le 1er mai 1793, donc avant les opérations contre les Espagnols,  à la 10ème Demi-brigade  d’infanterie légère, 12ème Compagnie  sous les ordres du capitaine Lafitte (celui-là même qui deviendra Général de brigade en 1813) . Ce transfert correspondait à la mise en application de la technique de  « l’amalgame » qui fut décrétée en février 1793 et réalisée en  1793/1794 qui  avait pour but  de supprimer l’antagonisme  existant entre les anciens soldats « (les Blancs ») et les volontaires (« les Bleuets »)  dénommés ainsi à cause de la couleur de leurs uniformes. Il consistait à créer des demi-brigades   en associant un bataillon de vieux soldats avec deux bataillons de Bleuets.  Le Deuxième Bataillon des Landes fut ainsi  versé partie dans la 68ème Demi-brigade, partie  dans la 10ème. Les deux frères Peyrottes quant à eux furent versés   dans la 10ème.

10eme demi brigade 2 barthelemy perrotte 1

10eme demi brigade 3 jean perrotte 1Extraits du registre  18YC 325 de la 10ème Demi-brigade  d’infanterie légère, page  307 et 308 : Barthélémy sous le matricule 1843 et Jean, sous le matricule 1842,  tous les deux   affectés à la 12ème Compagnie sous l’autorité du Capitaine Lafitte.

 

D’après une annotation du registre 18 YC 325 en dernière colonne on découvre que les deux frères furent  ensuite versés dans  la 74ème  Demi-brigade le 20 Ventôse an III.

D’après son  Bulletin de pension établi en 1817 (voir la photo ci-dessus),  Barthélémy a participé aux campagnes de 1792, 1793, An 2, 3, 4, 5, et 6. Il a été blessé de 2 coups de feu à la cuisse et divers éclats de boulets devant Kehl en Frimaire An V, quand il faisait partie de l'Armée du Rhin et Moselle, commandée par Moreau avec les Généraux Desaix et Saint Cyr.

Faisons un petit rappel historique sur cette période qui a déterminé la création de la branche Peirotes en Alsace à partir de l’arbre Peyrottes du Languedoc.

Nous sommes sous la Convention (1792-1795). Les troupes de la  Première coalition (1793) envahissent la France sur toutes ses frontières. Le Comité de Salut public avec Carnot réorganise l’armée, l’armement, la discipline  et les armées révolutionnaires arrivent à se  ressaisir et à reconquérir nos frontières naturelles . Notre victoire permet de disloquer la coalition par les traités de Bâle et La Haye (avril -juillet 1795). La Convention permet donc de sauver la République. Toutefois l’Angleterre et l’Autriche n’acceptent pas nos frontières sur le Rhin. Nous arrivons  au milieu de la période du Directoire (1795-1799)  avec une première République en antagonisme forcené avec l’Autriche. Celle-ci ne pouvait être atteinte qu’à travers l’Allemagne et en Italie où elle possédait le Milanais. Un plan d’opérations fut mis au point par Carnot contre ces deux pays : en Allemagne deux armées devaient converger sur Vienne depuis la région du Rhin qu’elles occupaient : celle de Sambre-et-Meuse commandée par Jourdan en passant  par le Main, celle de Rhin-et-Moselle commandée par Moreau  en passant par le Danube pendant qu’une armée, commandée par Bonaparte, devait faire diversion en Italie en conquérant le Milanais.

Les circonstances et les ambitions de Bonaparte bouleversèrent ce plan. La campagne d’Allemagne (appelée Première campagne d’Allemagne) en 1796-1797 a été oubliée dans l’histoire de France alors que celle d’Italie fut un triomphe pour le Général Bonaparte  et fut son marche- pied menant en final à l’avènement de Napoléon !

L’Allemagne était  alors constituée d’une mosaïque de petits états encore regroupés au sein du Saint-Empire Germanique et était toujours soumise à l’autorité de l’Autriche. En face de Jourdan et Moreau  et de l’autre côté du Rhin se trouvaient les Autrichiens.

L’armée de Sambre-et-Meuse passe à l’offensive en mai 1796 pour attirer les Autrichiens de manière à permettre à Moreau de foncer vers la Bavière et Vienne. En passant par les Pays-Bas elle marche sur Altenkirchen où  elle bat les Autrichiens le 4 juin 1796. Ceux-ci se ressaisissent et défont Jourdan à Wetzlar le 15 juin le forçant à se replier. Suivant les ordres du Directoire, Jourdan reprend l’offensive le 2 juillet et gagne la bataille sur les Autrichiens le 10 juillet à Friedberg puis fait son entrée à Francfort. Il continue alors en plein est et prend Bamberg. Les Autrichiens lui infligent une sérieuse défaite à Wurtzburg le 3 septembre le forçant à se replier sur Friedberg puis Wetzlar ; son armée  est défaite et doit se retirer sur Altenkirchen. Suite à ce désastre, Jourdan démissionne.

Le sort des armes est plus favorable à Moreau qui franchit le Rhin en juin 1796 et bat les Autrichiens le 14 juin à Mutterstadt puis à Esslingen le 11 juillet ce qui lui ouvre les portes de Stuttgart. Son armée peut ainsi continuer en direction de la Bavière et remporte les victoires de Neresheim le 11 août et de Friedberg le 24 août. La retraite de Jourdan  le contraint à arrêter son avance et à se replier vers Fribourg fin septembre puis Kehl où il se retranche en novembre et subit les assauts des Autrichiens.

De son côté Bonaparte mène une campagne victorieuse en Italie et, pour renforcer sa victoire sur  les Autrichiens,  demande la réouverture du second front en Allemagne en 1797 pour disperser leurs forces. Les deux armées sont réorganisées : celle de Sambre et Meuse passe sous le commandement de Hoche tandis que celle de Rhin-et-Moselle reste commandée par Moreau. Hoche traverse le Rhin et marche sur Neuwield où il est victorieux le 18 avril 1797 tandis que Moreau défait l’ennemi à Wilstädt le 21 avril. Toutefois l’avancée des deux armées est stoppée par les pourparlers de Bonaparte avec les Autrichiens qui leur fait signer la paix de Campo Formio le 18 octobre. Moreau et Hoche, en dépit de leurs exploits très glorieux, sont éclipsés par Bonaparte et sa brillante campagne d’Italie.

Ce rappel historique nous plonge dans le quotidien que Barthélémy a dû connaître  alors qu’il était caporal dans la 10ème Demi-brigade d’infanterie légère qui faisait partie de l’Armée du Rhin et Moselle de Moreau. Comme il y eut en fait deux sièges de Kehl, nous devons rentrer dans le détail des opérations autour de Kehl.

Un officier supérieur de l’armée du Rhin a décrit les sièges de Kehl en 1797 dans le livre : « Mémoire Militaire sur Kehl » à Strasbourg chez Levrault, 33 rue des Juifs, que l’on peut consulter sur Gallica. On trouve également sur Gallica deux autres livres permettant de comprendre précisément le déroulement des opérations : « Précis historique des campagnes de l’Armée du Rhin et Moselle » par François Dedon l’Ainé  1800 et « Mémoire sur les campagnes des Armées du Rhin et de la Moselle » par Laurent marquis de Gouvion Saint Cyr 1829.

Le premier siège correspond au passage du Rhin le 6 Messidor An IV (24 juin 1796)  par l’Armée du Rhin et Moselle avant qu’elle  continue sa percée vers Munich. Après un certain nombre de victoires elle dut battre en retraite  (cf. ci-dessus) et dut se  retrancher à Kehl (deuxième siège)où elle subit entre autres une énorme attaque d’artillerie le 16 Frimaire An V, puis d’autres attaques le 19 et 20 Frimaire.

Barthélémy a donc été blessé soit le 16, soit le 19 ou 20 Frimaire.  Compte tenu du type de ses blessures (coups de feu et éclats de boulets), je pense que c’était le 16 Frimaire An V, c'est-à-dire  le 6 décembre 1796 et, d’après le descriptif du siège, il devait faire partie des 300 hommes  établis sur l’ile Touffue attaquée avec vigueur à partir de 16 heures.

Le siège dura « 50 jours de tranchées et 115 jours d’investissements ». L’ennemi consomma 93000 boulets, 3000 boites à mitraille et 30000 bombes ou obus. L’armée du Rhin et Moselle dut évacuer Kehl le 21 Nivôse An V (10 janvier 1797) et se replier sur Strasbourg. Compte tenu de sa blessure, Barthélémy a dû être emporté vers l’hôpital militaire de Strasbourg pour y être soigné. Pendant ce temps  l’armée du Rhin et Moselle se portait vers la tête de pont d’Huningue qui lui restait sur la rive droite. Les Autrichiens, voulant faire partir tous les Français de la rive droite, firent le siège de cette tête de pont; les troupes françaises durent se rendre et évacuer le 17 Pluviôse An V (5 février 1797).

Après cette évacuation toute l’armée fut  répartie dans les cantonnements en Alsace pour s’y reposer et se réorganiser. Comme expliqué plus haut, elle repartira le 1er Floréal An V (avril 1797) en traversant le Rhin à Kilstett.

Barthélémy dut être affecté temporairement à la 74ème Demi-brigade le 20 Ventôse An V      (1  mars 1797) pour  rester en Alsace en cantonnement, sans doute à Soultz-Sous-Forêts (à environ 70 km au nord de Kehl), puisqu’il s’y maria le 6 Nivôse An VI (26 décembre 1797) avec Marie Madeleine Studer. Il quitta l’armée du Rhin et Moselle le 26 Prairial An VI (15 juin 1798)  d’après son bulletin de pension en tant que caporal à la 10ème Demi-brigade d’infanterie légère. Une pension de 282.62 F lui était accordée quelques années plus tard.  Il analysa  certainement  trouver beaucoup d’avantages à rester en Alsace plutôt que de retourner en Languedoc où l’industrie du drap périclitait. Il s’établit donc  en Alsace et est à l’origine des Peirotes d’Alsace. Il est intéressant de noter que son nom a été écrit en Alsace au début de sa prise en compte dans les actes officiels (mariages ou autres) « Peÿrottes » prononcé comme  « Peillerottes » : c’était la manière dont Barthélémy devait se présenter. A la génération suivante on passe à Perotes ou Peirotes, comme nous allons le voir.

 

Outre Barthélémy- l’ainé des trois frères en âge de défendre la Révolution- on trouve dans les registres militaires du SHD ses deux frères : Joseph et Jean,  puis un cousin François.

Joseph Peyrottes,  le premier frère de mon arrière-arrière-arrière-grand-père. 

On trouve dans le registre 18 YC 178 de la 74ème demi-brigade page 586 , Joseph le premier frère de Barthélémy,  avec les renseignements suivants : enregistré sous le matricule  3513, il mesure 5 pieds, 2 pouces et 6 lignes, il a servi dans la 10ème Demi-brigade d’infanterie   légère 1 puis  dans la 74ème demi-brigade, qu’il a rejointe le 7 Germinal An III (27 mars 1795) où  il est affecté au 1èr bataillon, 8ème compagnie ; il a fait les campagnes de l’an V 2. Caporal,  il a déserté à l’intérieur le 17 Pluviôse An VI et a été condamné à 10 ans de fer par contumace le 17 Ventôse (7 mars 1798) 3.

Jos perotte 74eme demi brigade 1

Extrait du registre 18 YC 178 de la 74ème Demi-brigade

N.B1. Bien que rapporté comme venant  de la 10ème Demi-brigade, on ne trouve pas de trace de Joseph dans le Registre 18 YC325 de cette 10ème Demi-brigade.

N.B2. La 74ème Demi-brigade a fait les Campagnes de l’An IV et de l’An V à l’Armée du Rhin et Moselle après la période 1793-1796 où elle était dans l’armée d’Allemagne.

N.B3 Il a sans doute déserté alors que la Demi-brigade était en garnison à Mont-Dauphin car on peut savoir qu’en 1799  800 hommes des 74ème et 107ème Demi-brigades ont déserté de cette garnison sinistre et mal aimée en abandonnant leurs drapeaux et leur équipement.

 

 

Curieusement on le retrouve cité dans le Registre des Pensions de 1801-1817  (2YF: page 307/404 du registre numérisé du SHD).  On peut y lire dans les documents détaillés de la cote 103205 le bulletin de calcul de sa solde de retraite établi le 14 mai 1806. On y apprend qu’il était à ce moment-là Caporal au 33ème Régiment d’Infanterie depuis le 2 Vendémiaire  An X  et que sa retraite a été établie pour un service du 19 Brumaire An VII (10 novembre 1798) au 10 mars 1806 soit 7 ans et 4 mois. Sa demande de pension était fondée sur la justification  suivante : « Blessé de deux coups de feu à la Bataille d’Austerlitz le 11 Frimaire An 14  (le 2 décembre 1805 !) l’un à la partie moyenne du bras droit et l’autre à la main droite qui lui a fait perdre l’usage des doigts annulaire et auriculaire », le Chirurgien Aide –major du Corps certifiant que de ce fait Joseph n’était plus apte au service militaire.

Compte tenu de ses années de campagne: An VII, VIII, XII, XIII et XIV (4 ans, 11 mois et 22 jours) comptant le double  on arrivait à un total de 12 ans, 3 mois et 22 jours) soit une pension de 105 Francs. Enfin, du fait de sa blessure « ne devant pas être évaluée à la perte totale de l’usage d’un membre » il avait droit en plus à 170 Francs. Le total de sa pension était donc calculé à 275 Francs, élevé à 300 Francs par le décret du 11 avril 1806.

N.B. Sa pension ne tient donc pas compte de sa première période de service de 1795 à 1798 dans la 74ème Demi-brigade ni de celle ( ?) de la 10ème. Ceci tendrait à prouver qu’il a effectivement été condamné pour désertion  mais gracié rapidement après (en perdant toutefois le bénéfice de cette période) à condition de reprendre du service ! La République avait besoin de soldats ! 

    Pension joseph peyrottes1  Pension joseph peyrottes2

                      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait du registre des pensions du SHD

 

Jean PEYROTTES, le deuxième frère de mon arrière-arrière-arrière-grand-père. 

Né le 16 mai 1775 à Carcassonne il s’engage comme Volontaire le 19 mars 1792, manifestement en trichant sur son âge, comme Fusilier. On le trouve, comme Barthélémy, dans le registre du Deuxième Bataillon des Landes (Réf : 16 YC 210)  sous le matricule 678 où son âge est de 20 ans (!!). Il passe caporal le 13 juillet 1793. Ce Bataillon a été versé partie dans la 68ème Demi-brigade, partie dans la 10ème. On trouve en effet Jean dans le registre de la 10ème Demi-brigade (avec orthographe Perrotte et matricule 1842) Réf 18 YC 325  page 307, où il est affecté en même temps que son frère Barthélémy dans la 2ème Compagnie  Capitaine Lafitte. Dans ce même registre on apprend son transfert, encore en même temps que son frère Barthélémy, dans la 74ème Demi-brigade le 20 Ventôse An III. Toutefois on ne le trouve pas dans le registre du SHD de cette Demi-brigade, pas plus d’ailleurs que Barthélémy.

Qu’est-il devenu ensuite : mort au champ d’honneur, transféré dans un autre Bataillon ? Il faudra continuer les recherches au SHD et voir s’il a eu une descendance. En tous cas, à ce jour je n’ai pas d’autres informations.

 

 

 

François PEYROTTES  cousin de mon arrière-arrière-arrière grand-père. 

Né le 22 avril 1762 à Villegailhenc dans le département de l’Aude fils d’Isaac Peyrottes et de Louise Anjouÿ. Le village de Villegailhenc se trouve à 3 km à l’ouest de Conques sur Orbiel, donc tout près de Carcassonne.  

On le trouve au SHD de Vincennes dans le Registre des Pensions de 1801-1817, dans le Bulletin  2 YF 141991, qui nous fournit des renseignements très détaillés sur sa vie militaire.

Il est enrôlé volontaire le 2 juillet 1793  comme simple soldat et passe capitaine le 20 août 1793 soit à peine 2 mois après son enrôlement.

Il fait la campagne de 1793, An II et III dans l’armée des Pyrénées orientales

Celle des Ans IV, et V dans l’armée d’Italie

Celle  de l’An VI à l’Intérieur

Celle de l’An VII en Italie

Celle des Ans VIII et IX sur les cotes de l’Ouest ;

L’An X à l’Intérieur

L’An XI aux colonies

Les campagnes des Ans XIII, XIV puis  1806, 1807, 1808, 1809, 1810, 1811

Les années 1812, 1813 et 1814 dans les prisons d’Angleterre, embarqué pour la Martinique le 18 Floréal An XI et pris par les Anglais à Sainte Lucie le 9 Méssidor.

Rentré en France le 29 mai 1814.

Sa carrière se termine le10 août 1814, date à partir de laquelle sa pension est calculée au titre du 82ème Régiment de Ligne dans le 5ème Bataillon.

Le calcul de sa pension est basé sur 21 ans, 1 mois et 8 jours de service à l’armée et de 11 ans et 6 mois de campagne, soit donc un total de 33 ans, 7 mois et 8 jours.

Il a reçu des blessures venant de l’ennemi par 2 coups de feux ; l’un le 13 Nivôse  An III au siège de Rose et l’autre le 11 Floréal An 2 sous les murs de Bellegarde. 

Au moment du calcul de sa retraite établie le 10 août 1814 à La Rochelle, il est domicilié à Carcassonne. 

Le Chirurgien –Major certifie que le Capitaine François Peyrottes est atteint d’une large cicatrice adhérente à la partie moyenne de la jambe gauche avec diverses esquilles qui sont sorties du tibia, il est aussi  atteint de rhumatisme chronique, usé et fatigué par son séjour dans les prisons d’Angleterre, un coup de feu à la partie interne inférieure de la jambe droite.

L’Officier de santé en chef de l’hôpital militaire confirme l’avis du Chirurgien –Major. 

Le calcul détaillé de la pension fait apparaître une pension de Capitaine de 915 Francs. 

 

Pension francois peyrottes 2

Les raisons de mise à la retraite étaient parfaitement justifiées car on apprend dans une annexe du bulletin de retraite qu’il mourra peu de temps après, soit le 29 mars1817.

Remarques sur l’orthographe du patronyme  Peyrottes dans les registres militaires:

 L’orthographe varie selon les registres militaires entre Peyrottes, Perrotte , Perotte et Perotes. Par exemple dans le registre des pensions précité on trouve page 613 Joseph Peyrottes, alors que son frère Barthélémy se retrouve page 531  sous le nom de Perotes. Comme nous le verrons, le nom subira les mêmes vicissitudes plus tard en Alsace dans les registres paroissiaux de naissance.

 

Les trois frères Peyrottes devaient  porter un uniforme et être équipé du même fusil (Modèle Gribeauval 1777) que la figurine du Musée des Invalides ci-dessous qui représente un volontaire de la République :                          

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                                          Fusil Gribeauval Modèle 1777 N° 1

 

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                                  Détail de la platine du fusil 1777 en état de tir  avec son silex

 

Note pour les amateurs d’histoire militaire : ce fusil mesure environ 1,50 m et, avec la baïonnette c’était une véritable canne à pêche de 2 m de long. L’arme  devait être chargée par la bouche avec une cartouche de papier contenant la poudre et la balle. L’ensemble était introduit dans le canon et poussé avec la baguette qui se trouve « au repos » sous celui-ci. Avant l’introduction de la cartouche dans le canon, le fusilier arrachait avec les dents le culot de la cartouche pour y faire une ouverture qui lui permettait de verser un peu de poudre dans le bassinet en laiton qui se trouve dans le prolongement d’un trou dans la culasse du canon (la lumière). Le chien avec son silex était armé avec le pouce et la pièce métallique  pivotant sur le bassinet (la batterie) était rabattue sur celui-ci. L’arme était prête pour le tir. En appuyant sur la détente, le  silex du chien venait frapper la batterie dégageant une gerbe d’étincelles et la repoussant vers l’avant en découvrant   le bassinet. Les étincelles mettaient alors le feu à la poudre du bassinet qui communiquait le feu à la charge de poudre du canon par la lumière ….et le coup partait .               .